Les Peignes des Oasis
Une mer d'eau entoure une ile. Une mer de sable entoure une oasis.
Une oasis désaltère les yeux et le coeur... Oasis : ces écosystèmes ingénieux construits par l’Homme constituent un intérêt planétaire quant aux techniques de gestion des ressources naturelles et d’adaptation aux conditions climatiques qui ont été mises en place. Malheureusement ces agrosystèmes sont aujourd’hui menacés de disparition...
L'agriculture y est intégrée avec la superposition de trois strates:
- Les palmiers dattiers.
- Les arbres fruitiers.
- Et à l'ombre des plantes basses, légumes et céréales.
Ces jardins délicats que sont les oasis sont entretenus avec un grand art et leur irrigation ancestrale se fait, en général, à partir de puits et de foggaras ou (Qanât).
Le peigne:
Photo de JM Kiener vue sur http://www.voyages-virtuels.eu/photos/algerie/index.htm de (très belles photos)
A la sortie d'un Qanât (ou foggara) Les seguias à « peignes » répartissent les eaux.
Cette invention géniale existe depuis la nuit des temps puisqu'elle était déjà utilisée en Mésopotamie et au Yémen il y a plus de 3 millénaires.
Le peigne est un instrument simplissime, utilisé dans le monde entier, pour distribuer régulièrement l'eau dans une même proportion quel que soit son débit.
t
out le système éco-social de l'oasis
tourne autour de ces quelques poignées de terre façonées par l'homme...
L’eau des oasis appartient à la collectivité et obéit à des règles de gestion élaborées et gérées sur une base associative (Djemaa). Ce « tribunal de l’eau » décide qui a droit à quelle quantité d’eau en fonction des variations de l’approvisionnement. Chaque propriétaire possède son tour d’eau. On hérite de son tour d’eau, qui a été établit généralement depuis plusieurs générations. Aujourd’hui, on peut aussi le louer ou le vendre. Dans certaines traditions, pour déterminer la durée du tour d’eau, le veilleur (aiguadier), utilise une horloge à eau (sorte de clepsydre), constitué d’un seau ou d’une jarre troués et dont le temps d’écoulement décide de la durée d’ouverture vers chaque parcelle à partir de la séguia.
Ailleurs, pour partager équitablement un spécialiste, le kiel el ma, mesure le débit (à l'aide d'un instrument en cuivre appeler chegfa.) passant entre chaque dent et refait l'opération chaque fois que la foggara est recreusée ou entretenue ou quand un propriétaire terrien achète le droit à l'eau d'un autre... mais relativisons,
"Dans l'Oasis il n'y a rien mais tu ne manques de rien !"
C'est une phrase (puissante dans sons sens profond) qu'il est coutume de dire dans les oasis du Sahara dont les habitants sont de grande générosité.
L'eau circule ensuite dans ces canaux, les seguia, qui l'emmènent jusqu'au bassin, le majen, où elle s'accumule jusqu'à ce que le cultivateur irrigue ses cultures... et... l'écosystème tout entier car l'oasis est un espace de refuge ou de repli pour les hommes, les plantes et les animaux les années sans pluies, toute la vie oasienne se déploie bien au-delà du territoire couvert par les palmiers lorsque la pluviométrie d’une année le permet. Cette respiration oasienne s’appuie sur des savoir-faire, des semences, une réactivité qui en font une véritable science de l’équilibre précaire.
Concentré de biodiversité en milieu aride aux confins de grandes zones désertiques sur la planète, les lignes d’oasis forment une dernière frontière de peuplement où la vie s’est accrochée et déployée en entretenant un bioclimat intermédiaire. Intensément cultivée, contrainte à des adaptations permanentes dans un milieu confiné, l’agro-biodiversité oasienne est non seulement conservatoire mais aussi en fabrication continue de ramifications nouvelles des espèces du vivant.
question fondamentale-->: les oasis sont et resteront
des modèles de micro sociétées durables ;
quelles sources d’inspiration peuvent-elles
proposées pour nos méga sociétées globales?